Le plaidoyer porté par le Mouvement pour la justice climatique auprès de chefs d’Etats de la sous-région vise à consacrer une journée régionale à la célébration des valeurs écologiques et de services écosystémiques du bassin du Congo. Lancé ce jeudi 7 novembre 2024, à Kinshasa, ce plaidoyer est l’une des actions phares identifiées lors de la conférence régionale de ce mouvement organisée en juillet dernier, à Yaoundé (Cameroun).
« Nous appelons les gouvernements de la région du bassin du Congo à établir une journée Régionale du Bassin du Congo afin de promouvoir un avenir plus durable ancré sur la protection de l’environnement et beaucoup plus sur le respect des droits des peuples autochtones et des communautés locales qui y vivent et qui dépendent directement des ressources naturelles de la région », a déclaré Bonaventure Bondo, chargée de campagne forêt chez Greenpeace Afrique.
Le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale humide du monde, après l’Amazonie, et possède une biodiversité exceptionnelle, avec une multitude d’espèces animales emblématiques. Cependant, il ne reçoit pas suffisamment des financements pour le rôle qu’il joue dans la lutte contre le changement climatique.
« Il va sans dire que la préservation des valeurs écosystémiques du bassin du Congo repose sur l’abandon du système néocolonial des ressources naturelles, et la légalisation des droits des communautés locales et des peuples autochtones », peut-on lire dans la déclaration.
Cette journée régionale du bassin du Congo devra aider à encourager les alternatives axées sur les solutions à la protection des forêts et la restauration de la biodiversité. A en croire les organisateurs, cette journée est l’opportunité pour les États du bassin du Congo de repenser leur modèle de développement basé sur l’exploitation industrielle des ressources naturelles, et de comprendre les enjeux économiques, environnementaux et sociaux liés aux alternatives.
« Certes il y’a encore beaucoup de choses par rapport à ce plaidoyer qui vient de commencer auprès de nos gouvernements respectifs, pour que cette idée qui part des acteurs e la société civile, puisse monter et être acceptée au niveau de décideurs politiques. C’est une journée où on devra analyser qu’est ce qui se fait ce jour-là dans les différents pays », a indiqué Théophile Gata, directeur executif de CAGDFT.
Le Mouvement pour la justice climatique est composé des organisations de la société civile des pays membres du bassin du Congo et de Greenpeace en tant qu’initiateur. Il s’agit d’une plateforme informelle qui s’engage à mener des plaidoyers pour l’amélioration de la gouvernance du secteur de forêts et de la biodiversité de la région.
« Les lois et politiques environnementales des pays du bassin du Congo ne tiennent pas toujours compte des défis climatiques actuels et ne sont pas toujours appliquées rigoureusement, en raison de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Cette défaillance est un véritable frein à la gestion durable des ressources naturelles dans la région du Bassin du Congo », précise-t-on dans la déclaration.
Selon le Mouvement pour la justice climatique, la promotion et l’exécution des projets du marché carbone comme modèle privilégié par les Etats et les entreprises pour la protection des forêts du Bassin du Congo, représente un danger pour les droits des communautés locales et des peuples autochtones. Ce modèle, fausse solution à la protection des forêts, peut les priver de leur capacité à tirer profit de leurs forêts et les expose à des menaces telles que l’accaparement des terres et les expulsions abusives par absence d’un cadre juridique régissant ce processus.
En effet, la journée régionale du bassin du Congo devra célébrer les savoirs traditionnels, les savoir-faire et savoir-être des communautés locales et des peuples autochtones qui contribuent à la préservation et à la restauration des terres et forêts de la région. Cette journée sera également l’occasion d’engager les gouvernements, les entreprises, la société civile et les populations dans une action collective pour la protection et la gestion durable des ressources naturelles du Bassin du Congo. Ainsi, cette journée permettra de souligner le rôle vital de cette région dans la résolution des problèmes environnementaux mondiaux, en tant que puits de carbone et réservoir de biodiversité.
Alfredo Prince NTUMBA