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Sourire aux lèvres, la RDC accueille avec fierté une décision historique de la COP16.

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Représentée par la société civile et les délégations Étatiques à la COP16, qui s’est tenue du 21 octobre au 1er novembre 2024 à Cali en Colombie, la RDC a célébré une victoire sans précédent grâce à la création de l’organe subsidiaire dédié à l’inclusion des peuples autochtones et des communautés locales et à leur reconnaissance en tant que responsables clés des efforts de conservation. 

Contrairement à la COP15, souvent décrite comme une « occasion manquée » de protéger les droits des peuples autochtones, la COP16 – également surnommée la « COP des peuples » – a vu la reconnaissance officielle du rôle des peuples autochtones et des communautés locales (IPLC) en tant que gardiens de la nature, notamment par la création d’un groupe permanent – un « organe subsidiaire » – les représentant, et la mise en place d’un nouveau fonds mondial (« Fonds de Cali ») pour le partage équitable des ressources génétiques dérivées de la biodiversité.

Bien que l’événement se soit terminé sans accord majeur sur le financement, il a marqué un progrès significatif, répondant à des attentes de longue date.  Plus de 190 États signataires, dont la RDC, de l’accord de Kunming-Montréal visant à stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, se sont réunis à Cali, en Colombie, lors de la 16e Conférence des Parties (« COP16 ») à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) pour examiner les progrès accomplis, évaluer les engagements des pays et clarifier les mécanismes de financement et de partage des avantages pour la biodiversité. 

En effet, pendant trois décennies, les peuples autochtones et les communautés locales du monde entier ont déployé des efforts pour obtenir la création de cet organe, symbole d’une meilleure justice procédurale, qui garantit que les voix de ces populations seront mieux entendues et prises en compte dans les négociations futures. Le groupe subsidiaire nouvellement créé aura pour mission de soutenir et d’évaluer la mise en œuvre des décisions de la CDB relatives aux peuples autochtones et aux communautés locales, tout en conseillant la COP sur les mesures à prendre pour préserver et renforcer leurs connaissances traditionnelles en matière de conservation de la biodiversité. 7 des 23 objectifs du cadre mondial pour la biodiversité font explicitement référence aux connaissances approfondies et au rôle clé des peuples autochtones dans la protection et l’utilisation durable de la biodiversité, dont le rôle positif a été souligné par l’IPBES en 2019.

« C’est une grande victoire pour les peuples autochtones et les communautés locales ! Cela a nécessité beaucoup de travail, de négociations politiques, de dévouement constant et de nombreuses nuits blanches », a confié Joseph Intongwa Muluba, directeur exécutif national et représentant à la COP16 de l’Alliance Nationale d’Appui et de Promotion des Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (ANAPAC). 

L’ANAPAC est l’un des acteurs clés de la conservation inclusive en RDC. Elle s’emploie à identifier et cartographier les aires conservées par les communautés et peuples autochtones, appelées « territoires de vie », tout en promouvant leur reconnaissance juridique et en renforçant les systèmes de gouvernance traditionnels. Cette initiative vise à améliorer la gestion de 120 000 hectares d’écosystèmes vitaux, impliquant directement 20 000 parties prenantes.

Ces populations possèdent des systèmes exceptionnels de connaissances, d’innovations et de pratiques, transmis de génération en génération, qui ont permis de vivre en harmonie avec la nature tout en préservant l’équilibre écologique. Ces pratiques traditionnelles, basées sur une utilisation responsable des ressources naturelles, favorisent la résilience des écosystèmes et s’adaptent aux changements écologiques.

Face à l’intensification de la crise climatique qui pèse sur l’humanité actuellement, ces connaissances offrent des solutions précieuses pour atténuer les impacts, renforcer les stratégies d’adaptation et améliorer la résilience. Cependant, comme l’a souligné le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ces communautés sont souvent exclues des processus décisionnels et leurs droits fonciers ne sont pas toujours respectés.

« Les peuples autochtones et les communautés locales, qui sont parmi les premiers touchés par les crises climatiques et de biodiversité, réclament depuis longtemps une participation efficace et équitable aux COP », a déclaré Juan Pablo Sarmiento Barletti, scientifique au CIFOR-ICRAF, selon Forests News. Il a ajouté : « Leurs connaissances et leur expérience sont désormais reconnues au titre de l’article 8(j), ce qui souligne leur rôle essentiel dans la réalisation des objectifs de la CMBKM. Le défi réside maintenant dans la mise en œuvre concrète de ces engagements. »

Avec ses 155 millions d’hectares de forêts, la RDC joue un rôle central dans l’équilibre climatique mondial et abrite des populations autochtones riches en savoirs ancestraux. Ces communautés, représentant à peine 1 % de la population nationale (entre 600 000 et 700 000 individus), restent pourtant parmi les plus marginalisées.

Soutien local et perspectives

Cette mesure a également été saluée par l’organisation Mkaaji Mpya, dont le coordinateur, M. Gervais Muderhwa, présent à la COP16, travaille activement avec les peuples autochtones pygmées de la RDC. L’organisation les accompagne dans leurs efforts de plaidoyer, en amplifiant leur voix et en défendant leurs droits. Elle a récemment lancé une initiative visant à renforcer les capacités des médias pour la mise en œuvre du cadre Kunming-Montréal. L’un des volets de cette initiative consiste à offrir un espace médiatique aux peuples autochtones vivant autour des zones protégées, afin qu’ils puissent partager leurs perspectives sur la conservation des ressources naturelles.

Un rôle mondial et un défi national

Si les décisions internationales prises lors de la COP16 offrent une lueur d’espoir, elles doivent maintenant se traduire par des actions concrètes. En République démocratique du Congo, où la biodiversité est l’une des plus riches au monde, les populations locales et les communautés autochtones jouent un rôle central dans l’équilibre de la biodiversité face au changement climatique et à son effondrement. Cependant, sans une réelle reconnaissance de leurs droits, la conservation de la biodiversité restera un défi inachevé. La RDC est actuellement confrontée à d’énormes défis tels que la déforestation galopante, l’exploitation minière illégale et la marginalisation des populations locales.

Il est donc important et urgent de mettre en œuvre des politiques contraignantes qui non seulement protègent les écosystèmes, mais garantissent également que les peuples autochtones et les communautés locales bénéficient équitablement des ressources naturelles. Les peuples autochtones et les communautés locales, en tant que fil conducteur de ces différents forums, peuvent nous guider à travers ces défis complexes en tant qu’acteurs clés dans la recherche de solutions alignées sur les objectifs internationaux relatifs au climat, à la nature et au bien-être des populations.

Au final, la COP16 s’est achevée sur un bilan mitigé, révélant une volonté certaine de protéger la biodiversité, contrastée par des désaccords majeurs quant aux moyens de soutenir efficacement cette ambition. D’un côté, le message selon lequel « la RDC est le pays de la solution » a fortement résonné, et la COP16 a été la « COP du peuple » à ce jour. Cependant, pour maintenir ce message vivant, il sera nécessaire de parvenir à un accord sur les moyens de mise en œuvre, y compris les ressources financières. Une seconde phase de la COP16 est prévue dans les mois à venir pour finaliser les décisions en suspens, avec l’objectif de conserver l’élan initié à Cali. Parallèlement, à la COP29 de la CCNUCC tenue à Bakou, en Azerbaïdjan (11-22 novembre 2024), l’accent a été mis sur l’établissement d’un nouvel objectif quantifié de financement climatique et sur la préparation de stratégies climatiques révisées et plus ambitieuses, attendues pour février 2025. 

Djify ELUGBA

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