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Consolidation du suivi de la déforestation en Afrique centrale, que faut-il retenir de l’atelier de Kinshasa ?

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Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo a abrité du 25 au 29 mars, l’atelier régional de télédétection pour la consolidation du suivi de la déforestation au sein des forêts denses humides. Des techniciens et spécialistes de la télédétection du bassin du Congo ont été renforcés en capacité sur l’analyse critique des différents produits de télédétection utilisés pour observer l’état des forêts dans la région.

De nombreux produits de suivi opérationnel de la perte du couvert arboré sont disponibles en ligne. Cependant, l’analyse comparative menée par l’Université Catholique de Louvain (UCL) démontrent qu’ils ne sont pas d’accord entre eux. De plus, les définitions qui se cachent derrière les différents outils ne sont pas les mêmes.  Il est donc primordial de maîtriser les concepts avant de pouvoir les utiliser.

« On a observé que lorsqu’on prend les différents outils et qu’on le met ensemble pour une région donnée, ils ne convergent pas beaucoup. Il y’a moins de 30% de la zone qui n’est pas identifiée de la même manière par les systèmes. Il est donc important de mieux comprendre ce que chacun de système apporte comme information », a précisé Pierre Defourny.

Les travaux pratiques réalisés par les experts nationaux leur ont permis de comprendre par exemple que le produit appelé « Global Forest Change » devrait être compris comme « Global Tree Cover Loss. » Car, ce produit ne traite que de la perte des arbres, et pourtant cette perte peut l’être en ville tout comme en forêt. Cela change toute la perception de la dégradation ou de la déforestation dans les paysages ciblés.

Par ailleurs, le produit « RADD » basé sur les images Radar, ne parle que des forêts naturelles intactes, mettant de côté les forêts dégradées. Tandis que le produit « Tropical Moist Forest » considère la déforestation seulement après deux ans et demie d’observation et nécessite donc un certain délai pour différencier les processus de dégradation de la déforestation.  « Il faut bien comprendre les définitions et les concepts qui sont derrière chaque produit pour bien savoir les utiliser », a insisté Quentin Jungers, AT Système d’information de l’OFAC.

« Quand on comprend les nuances de différents systèmes, on va devoir les utiliser d’une manière scientifiquement rigoureuse afin de proposer une méthodologie de consolidation de diagnostic de déforestation pour la région qu’on étudie », a révélé Pierre Defourny.

Séance du blan de l’atelier de Kinshasa par le professeur Pierre Defourny.

Après cinq jours des travaux intenses, les participants se sont adonnés aux analyses des échantillons de leurs pays et comparer avec exactitude les résultats de la consolidation des alertes.

« L’atelier sur la consolidation a atteint ses objectifs », a affirmé Pierre Defourny, professeur à l’UCL. D’une part, les participants ont pu partager ensemble leur compréhension approfondie des systèmes de suivi opérationnel existants et la manière dont on peut consolider leurs informations.  Les notions apprises au cours de la formation ont permis aux experts nationaux de produire les points de référence de haute qualité.

L’autre point fort de cet atelier a été le partage d’expériences. Chaque produit a été analysé en profondeur et confronté aux connaissances des experts nationaux afin, et ensuite comparé au produit de consolidation pour en évaluer la plus-value.

 « On a aujourd’hui de solides bases pour valider les produits de consolidation », s’est félicité Monsieur Defourny.  

« Cette formation a beaucoup apporté. L’outil que nous avons utilisé n’était pas habituel. Il s’agit d’un outil mis en place par l’UCL. Cet outil nous a aidé à consolider les données GFC et les données TFM que nous utilisons d’habitude », indiqué Christ Lendo, expert en SIG et télédétection à l’OSFAC. « Ça nous a aidé à poser une analyse critique qui va nous aider dans l’utilisation de ces données par le travail que nous faisons au quotidien. De manière pratique, notre regard sur les données qu’on utilisaient va changer sur le taux de la déforestation et celui de la dégradation au niveau du pays et dans la sous-région ».

Consolider pour mieux comprendre

Selon les formateurs, la consolidation consiste à ajouter aux données existantes (GFC, TFM, RADD), des nouvelles métriques issues des données radars venant du satellite Sentinel-1. Cette quatrième source de données ajoute des informations susceptibles de confirmer là où les 3 systèmes ont raison et d’exclure là où ils n’en ont pas. Les résultats de cette consolidation sont des chiffres confirmés de pertes de forêts denses humides. « On en est pas encore là. Ici, avec les experts nationaux, nous avons validé la qualité du produit de consolidation. A partir de cette qualité, on va pouvoir sortir les chiffres que certains appellent déforestation, et que nous on appellera perte de forêt dense humide », a renchéri Pierre Defourny

Une bonne partie de cette formation a été dédiée à la compréhension du protocole de validation qualitative et quantitative de la consolidation. Il s’agit d’une étape très importante du processus, qui permet de communiquer avec les producteurs des données.

Grâce à Google Earth Engine, chaque expert national a pu construire une base de données en interprétant les échantillons pour son pays, afin de permettre une consolidation de la base de données de référence.

« On a expliqué les différentes étapes de la validation en reprenant les lignes directrices du COS. On a expliqué les différentes étapes de la validation qualitative. C’est-à-dire, pouvoir observer le produit à la recherche d’erreurs macroscopiques qui peuvent être des erreurs du traitement ou de classification avec tout un protocole de systématique et d’observation de ces erreurs par grille », a déclaré Céline Lamarche, formatrice.

A la validation qualitative s’ajoute également une validation quantitative qui consiste à produire des « matrices de confusion » qui permettent de croiser la base de données de référence construite durant cet atelier avec le produit qui a été consolidé. Et, ainsi avoir l’estimation de la qualité de l’exactitude générale et de l’exactitude par classe.

« Nous croyons qu’il est important de prendre certain nombre de de points pour que ce soit statistiquement valides et de bonne qualité mais c’est en interagissant les uns avec les autres, et en confrontant les expériences que nous pourrons améliorer la qualité de la base de données de références », a-t-elle précisé.

Notons par ailleurs qu’après la formation de Kinshasa, les experts nationaux doivent finaliser le travail de la validation sur base de points de référence de haute qualité.

Les résultats de ces travaux seront diffusés au grand public à travers l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), cellule spécialisée de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) qui guide la prise de décisions politiques pour la gestion durable des forêts et des écosystèmes de la région via des données actualisées et pertinentes de ces ressources naturelles. Cet atelier est dans la continuité des précédents ateliers de télédétection organisés par l’UCLouvain dans le cadre des projets d’appui à l’OFAC. L’atelier de Kinshasa a bénéficié de l’appui du CIFOR-ICRAF.

Alfredo Prince NTUMBA 

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