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Phil René Oyono, « Pour réussir l’afforestation, les Etats doivent régler la question de la tenure foncière des communautés »

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Les trois premiers jours de la Conférence internationale sur l’Afforestation et le reboisement, ont été consacrés au segment scientifique. D’éminents chercheurs ont exposé les résultats de leurs études afin d’éclairer les décisions des politiques. Les gouvernements centraux qui se considèrent comme propriétaires des terres et des forêts, doivent impérativement régler la question de la tenure foncière des communautés locales et des peuples autochtones des pays du bassin du Congo, s’ils veulent voir réussir les initiatives de l’afforestation et du reboisement. C’est l’appel lancé par Phil René Oyono, chercheur indépendant, lors d’un side event organisé par le CIFOR-ICRAF, ce mercredi 03 juillet, à Brazzaville.

En effet, 80% des pratiques foncières dans les pays du bassin du Congo, surtout en milieux ruraux, le sont sur la base de la coutume. Pendant ce temps, dans les milieux urbains, seule la loi écrite domine. Selon ce chercheur, il y a bien un paradoxe qui doit être résolu pour voir les communautés vivant dans et autour des forêts reprendre la main sur leurs terres et ainsi s’impliquer dans leur protection.

« Plus de 60% des personnes vivent dans les milieux ruraux, et c’est là où se trouvent les terres à reforester ou à reboiser.  Dans ces milieux, c’est la loi coutumière qui continue à prévaloir. Nos États n’ont pas encore réglé cette question », a-t-il informé. « L’essentiel des lois foncières et forestières du bassin du Congo disent que les communautés ont des droits d’usage, qui ne veulent rien dire. C’est une catégorie subalterne de droits, car ils ne sont pas sécurisés ». 

Pour ce chercheur, les défis de Bonn ne sont pas le début de l’histoire, surtout en Afrique. Selon ses expériences, durant la colonisation française et belge, l’Afrique disposait des forêts plantées et classées. 

« Déjà, dans la période précoloniale, les communautés locales restauraient les paysages forestiers. Les savoirs indigènes et autochtones étaient adaptés pour reproduire la nature que les gens respectent », a-t-il révélé.

Autofinancer la restauration des paysages

L’un des points clés soulevés par ce chercheur est l’urgence de conjuguer les efforts pour assurer l’autofinancement des paysages forestiers. Généralement, il s’observe un relâchement tous azimuts une fois que les financements des partenaires touchent à leur fin.

« C’est bien bon de recevoir l’argent des partenaires techniques et financiers. Mais, quand ces financements finissent, qu’est ce qui arrive souvent ? Il faut que les gouvernements centraux et locaux, les sociétés civiles et les communautés locales s’organisent pour autofinancer la restauration des paysages forestiers », a conseillé Monsieur Oyono.

Il a par la même occasion, plaidé pour la prise en compte du CLIP des communautés locales et peuples autochtones dans tous les processus, projets et programmes. « On n’a jamais demandé aux gens, s’ils sont d’accord ? On dit souvent, on va faire ceci, parce que ça vient du haut. C’est ce que j’appelle la restauration par le haut.  Il faut s’en méfier. Parce que si cette restauration se reproduit sur des années, j’ai bien peur que ça se termine par un échec », a-t-il insisté.

Au regard des faiblesses observées dans la mise en œuvre des différents projets d’afforestation, ce scientifique recommande aux différentes parties prenantes, l’appropriation de la restauration des paysages forestiers, et ne plus dépendre de l’extérieur. Il a également recommandé la réforme de la structure des droits fonciers et forestiers. Il faut développer des mécanismes juridiques qui transfèrent les terres et les territoires aux communautés locales et aux peuples autochtones, avec des titres collectifs.

Depuis Brazzaville, Alfredo Prince NTUMBA

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