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RDC Pays-Solution aux antipodes de criminalisation de la biodiversité ? (Edito)

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La République démocratique du Congo est l’un des grands pays de la méga biodiversité. Avec ses forêts luxuriantes et sa faune emblématique, le pays se positionne comme une solution climatique. Cependant, vue de près, tout porte à croire que la RDC n’est pas encore prête à jouer ce rôle, malgré les intentions manifestes et le bruit qui court avec. Dans cet éditorial, la Rédaction d’Environews RDC s’interroge sur certains actes posés par les différents ministres en charge de l’environnement, forêts et de la biodiversité. Ces actes qui, dans le fait, contredisent et le réel besoin pour le pays de se positionner comme le leader africain dans ce secteur.

Zéro investissement dans le secteur

Il n’est plus à démontrer que la RDC est un grand pays forestier. Avec près de 155 millions d’hectares de forêts primaires, le pays bat le record de pourcentages des massifs forestiers d’en Afrique et dans le monde. Cependant, ces vastes étendues de forêts sont loin d’être aménagées.

Cette situation est consécutive à la superficie même de cette forêt, à l’accessibilité et au manque de moyens conséquents pour ce faire. Comparé aux autres secteurs vitaux, le secteur de l’environnement ne reçoit pas suffisamment de crédits budgétaires pour lui permettre de fonctionner à plein régime.

Pour ne prendre que les prévisions de 2025, dans la rubrique dépense d’investissement, rien n’est prévu dans le domaine de l’environnement. Et pourtant, ce domaine nécessite des investissements susceptibles d’aider le pays à tirer réellement profit de ses ressources. C’est notamment les investissements dans le secteur de l’énergie, idéale pour développer la transformation du bois d’œuvre et autres ressources forestières…

Existence officielle de pillage de forêt

Même si l’on apprend chaque jour du Ministère de l’Environnement et développement durable que la RDC n’est pas alignée dans l’ordre de pays pollueurs et le fait d’identifier le pays comme Solution doit fatalement tomber. Pourquoi ? A ce sujet, il y’a lieu de signaler que les différentes études démontrent que le pays perd chaque année, près de 500 mille hectares de forêts.  Bien que cette réalité soit balayée du revers de main par les autorités, il y’a tout de même de quoi s’interroger. Dans ce contexte, devons-nous continuer à parler de la RDC comme championne ou solution pour la REDD+ ? Seuls les politiques peuvent bien dribbler les non-voyants sur l’impact réel de ce mécanisme très vanté au pays.

Outre l’agriculture sur brûlis, qui est pointée du doigt comme le premier moteur de la déforestation, l’exploitation artisanale incontrôlée n’en est pas moindre non plus. Chaque année, le volume de production du bois d’œuvre atteint chaque année entre 3 et 4 millions de mètres cubes. Plus de 80% de cette production vient du secteur artisanal.

Malgré ces données, l’on observe une totale déconnexion du gouvernement congolais à réguler ce secteur et faire respecter la loi. Plusieurs exploitants artisanaux sont des hommes politiques, des dignitaires de l’armée et voir même ceux de l’administration et du pouvoir judiciaire. Depuis des années, cette mafia se renforce sous la barbe des autorités.

La coupe du bois dans les parcs nationaux, notamment dans le Parc de Kahuzi-Biega devrait en réalité interpeller les décideurs sur l’urgence d’agir pour stopper cette hémorragie. A la place, c’est l’omerta qui s’est imposée.

Toutes ces concessions forestières sous exploitation illégale par toutes ces compagnies venues d’outre-mer qui foulent aux pieds les conclusions de toutes les revues légales, sont des preuves éloquentes de pillages systématiques de la forêt congolaise. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux sur le chantier des entreprises chinoises dans le village de Bolima, groupement de Batsina Bakaala dans le territoire d’Ingende, démontrent à quel point le secteur de l’exploitation du bois reste un vrai casse-tête du gouvernement de la RDC.

Selon des sources recoupées, l’autorisation d’exploitation industrielle abusive du bois par les entreprises chinoises a été donnée par le ministre provincial de l’environnement. Et pourtant, il ne revient pas à la province de l’Equateur d’usurper les compétences de l’administration centrale ni du ministère central de l’Environnement. Le silence de l’autorité laisse entrevoir cependant une complicité ou encore une lâcheté dans la gestion de la chose publique.

Il y’a donc lieu de s’interroger sur l’apport de dix mesures urgentes qui ne semblent pas être, mais décrétées depuis l’avènement de Ève Bazaiba à la tête de ce ministère.

Un arrêté interministériel pour et contre la biodiversité

Claude Nyamugabo ancien ministre de l’Environnement, en partant, a signé un arrêté interministériel avec son collègue des finances de l’époque pour l’abattage de la faune emblématique sous forme des trophées. Malgré les dénonciations des acteurs de la société civile, cet arrêté reste en vigueur jusqu’au moment où la 16ème COP sur la biodiversité fermait ses portes à CALI, le samedi 02 novembre.

D’aucuns s’interrogent sur l’opportunité d’un tel arrêté dès lors que le pays s’est engagé à travers plusieurs instruments nationaux et internationaux, à protéger sa biodiversité. Cet arrêté, selon plusieurs observateurs, n’a jamais apporté quelque chose au trésor public. Cependant, il laisse prévaloir un braconnage faunique en sourdine.

Lors de la COP29, à Baku, la RDC envisage d’apporter la discussion autour de la mise en œuvre d’un fonds devant être alimenté par les utilisateurs des marques utilisant les images des animaux. Notamment, les Jaguar, les lions, les éléphants, les Okapi, les Bonobo, les Maheshe / Gorilles de montagnes, etc.

La question reste tout de même pendante : Qu’est-ce que ce fonds aiderait à protéger dès lors que la grande faune congolaise est extrêmement menacée par des décisions prises par celles qui sont censées la protéger ? Pourquoi la RDC veut à la fois la chose et son contraire ?

 Si la RDC veut réellement se positionner comme Pays-Solution, il est temps de mettre de côté les penchants politiques et populistes, et se mettre au travail en mettant en œuvre des projets concrets susceptibles d’aider à protéger ce que l’on a. Faire de la RDC une solution d’abord pour son peuple et ensuite pour les autres. L’inverse ne serait que de leurre conçu pour la consommation externe, mais un public externe qui a déjà tout compris et pas prêt à être dupé.

A bientôt à la COP29

Alfredo Prince NTUMBA

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