
Au total, cinquante hippopotames et deux buffles ont été retrouvés morts, probablement en raison d’une épidémie d’anthrax, une maladie infectieuse redoutable et contagieuse. Cette découverte tragique a été faite en début de cette semaine, dans le Parc national des Virunga, situé dans la province du Nord Kivu, en République démocratique du Congo.
Selon un notable de la province, « cette maladie a décimé plusieurs hippopotames et menace la conservation ainsi que la vie humaine des riverains. C’est très grave, car elle est contagieuse entre les animaux et les humains. Le risque pour les autres animaux est également élevé, surtout qu’ils se déplacent en troupeau. La chaîne de contamination pourrait être vaste », a souligné Aimé Mukanda.
L’anthrax, ou fièvre charbonneuse, est une zoonose qui touche principalement les herbivores, tels que les bovins, moutons et chevaux. Les vétérinaires locaux appellent la population à respecter strictement les mesures d’hygiène et à mettre fin au braconnage durant cette période critique.
« La population risque de consommer de la viande d’hippopotames infectés, ce qui met en danger la santé humaine. Sans vétérinaires pour contrôler la qualité de la viande, la situation peut devenir catastrophique », a averti le médecin vétérinaire, Rodrigue Mayele.
À l’heure actuelle, l’Institut congolais pour la conservation de la nature n’a donné aucun commentaire à ce sujet. Tous nos efforts pour le joindre se sont révélés infructueux. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la RDC partage une frontière avec l’Ouganda, et les animaux n’ont pas de limites.
« Nous avons compté 50 corps d’hippopotames, et nous craignons que l’Ouganda soit également touché, car les deux pays partagent des frontières. Il y a des animaux du Congo qui vont en Ouganda et d’Ouganda qui viennent au Congo. Nous sommes face à un grand problème qui si n’est pas pris au sérieux actuellement deviendra grave après parce que le virus se transmet très rapidement entre les animaux. Il est surtout respectueux d’avertir nos voisins ougandais», a suggéré un spécialiste enquêtant sur cette épidémie au Parc des Virunga, cité par la communauté locale.
Ce parc touche 5 territoires en province du Nord Kivu dont Nyiragongo, Masisi, Rutshuru, Lubero et Beni. Le Lac Édouard est également une partie intégrante du même parc. Fabrice Birima, expert en prophylaxie, appelle à une approche intégrée pour lutter contre l’anthrax chez ces animaux capable à s’adapter sur la terre et dans l’eau.
« La prévention, la surveillance et l’intervention rapide sont essentielles pour protéger ces animaux et éviter l’aggravation de la maladie. Il y a nécessité de créer des zones où les hippopotames peuvent se reposer loin des eaux contaminées », explique-t-il.
Birima a recommandé aux autorités sanitaires d’effectuer des contrôles réguliers pour détecter les signes de maladie, ainsi que des tests de la qualité de l’eau pour identifier les agents pathogènes.
Signalons que l’anthrax, causé par la bactérie Bacillus anthracis, peut se manifester sous plusieurs formes, dont l’anthrax cutané, qui présente des symptômes graves. Cette maladie peut rapidement affecter tant les animaux que les humains, rendant la situation d’autant plus urgente. Les notables de cette région ont lancé un SOS aux autorités sanitaires et aux organisations de conservation. Ils les appellent à s’unir pour faire face à cette crise et protéger la biodiversité ainsi que la santé publique dans cette région déjà fragilisée.
Albert MUANDA