La 17ème réunion Multidisciplinaire en Afrique centrale (MDT) s’est clôturée, le mercredi 6 novembre 2024, à Kinshasa. A l’issue de ces assises de trois jours, quelques recommandations ont été formulées, notamment la promotion, la mobilisation et la meilleure canalisation des financements pour des investissements innovants ; le renforcement des partenariats entre les communautés économiques, l’accroissement de l’allocation budgétaire au profit de la recherche agricole, le renforcement des échanges transfrontaliers à travers des programmes intégrateurs et sous régionaux.
Cette réunion a également mis en exergue les efforts quotidiens des femmes pour maintenir l’agriculture existante malgré toutes les difficultés qu’elles endurent. « La majeure partie des activités agricoles est tenue par les femmes. Sur ce, il est important de penser à investir au niveau des femmes et des jeunes. Cela amènera nos pays vers un système alimentaire durable. » A insisté Espérance Belau, Présidente de la Commission Nationale des Femmes Entrepreneures (CNFE) de la FEC et Première vice-présidente de la commission nationale Agriculture.
L’Afrique centrale a des grandes superficies des terres arables. Elle bénéficie des ressources naturelles abondantes et d’un écosystème agro-alimentaire avec des plus grandes potentialités. La RDC en est la parfaite illustration, avec ses 80 millions d’hectares de terres arables, 4 millions de terres irrigables. Cette question est donc d’une importance capitale pour toute la région. Pour y parvenir, il y a urgence de relever les défis liés aux conflits des terres et la faiblesse des droits fonciers. L’Afrique centrale devra donc mettre un accent sur l’aménagement du territoire, avoir une cartographie claire.
« Il est clair que l’Afrique centrale possède un potentiel extraordinaire qui, si utilisé à bon escient, peut transformer la difficulté alimentaire, renforcer notre forme de résilience et améliorer les conditions de vie des populations. Cette rencontre se présente désormais comme un véritable catalyseur pour poser des bases solides et concrètes en faveur d’une agriculture innovante et inclusive respectueuses des normes environnementales. Face aux enjeux du climat, il y a un dérèglement des pluies. Elles ne viennent pas quand nous les attendons et lorsqu’elles arrivent, c’est pour tout ravager. Nous voulons une Afrique centrale adaptée à la nouvelle donne du climat. Pas une Afrique qui continue à subir les méfaits du dérèglement climatique. Nous devons développer des capacités pour nous adapter à ces nouvelles normes du climat et être à mesure de lutter contre la faim. » A indiqué Eve Bazaiba, Ministre d’Etat en charge de l’environnement et du développement durable, dans son mot de clôture de cette réunion.
Eve Bazaiba a tenu à préciser que ces assises s’alignent au programme d’action du gouvernement de la République démocratique du Congo, dans son pilier de la diversification de l’économie, en mettant un accent sur l’agriculture et la transformation agricole. « Ce sont des opportunités nouvelles pour développer l’agriculture de l’Afrique centrale. » A-t-elle martelé. « Nous avons franchi une étape clé de la déclaration de Malabo, en réunissant nos forces. J’espère que ces discussions aillent au-delà de cette salle afin d’impacter les générations futures. L’heure est venue pour transformer les résolutions des discours en actions concrètes. Pour ça, nous devons mobiliser des partenariats publics et privés. Un adage africain dit : si vous voulez aller vite, allez seule. Mais si vous voulez aller loin, associez les autres. Nous devons bâtir une Afrique centrale plus forte, plus résiliente et plus unie. » A ajouté la Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et Développement Durable.
La RDC, pays hôte, un exemple d’ agriculture durable ?
Selon le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et Coordonnateur résident des opérations humanitaires, la RDC avec ses vastes terres arables, ses ressources en eau, sa biodiversité exceptionnelle possède d’énormes potentialités agricoles. Pourtant, celles-ci demeurent inexploitées et la majeure partie de la population continue d’être affectée par l’insécurité alimentaire soit du fait de la guerre, soit pour des raisons chroniques.
« Selon la dernière analyse de l’IPC, environ 26 millions de personnes soit 22% de populations connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aigüe dont 3,1 millions en IPC4. C’est un niveau d’urgence. La cible de notre plan de réponse humanitaire 2024 était de 8,7 millions de personnes et ce chiffre est largement déterminé par l’insécurité alimentaire et d’autres vulnérabilités. » A précisé Bruno Lemarquis.
Pourtant, la majeure partie de la population est jeune. Une main-d’œuvre susceptible de faire avancer l’agriculture dans un pays où seule 1%de la terre est cultivée. « Moi j’interviens dans le domaine de la recherche. Le congolais doit certes manger à sa faim mais il doit apprendre à se nourrir par sa propre production. Les jeunes qui viennent à Kinshasa sans emploi devraient plutôt se concentrer sur les terres qui sont chez eux, dans leurs provinces d’origine, pour produire. » A interpellé Mihindou Doukaga Jean Louis, DG du Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Systèmes Agricoles d’Afrique Centrale (PRASAC), au Tchad.
Pour rappel, cette réunion a été organisée par le bureau sous régional de la FAO pour l’Afrique centrale, du 4 au 6 novembre 2024, sous le thème : « le potentiel de l’écosystème agroalimentaire en Afrique centrale (financements publics et privés, marché, recherche, certification, foncier et coûts). Ces travaux ont réuni en mode présentiel et virtuel, 153 participants des pays de l’Afrique centrale.
Sarah MANGAZA