En octobre dernier, le Parc national de la Garamba lançait son nouveau cycle d’entraînement et de formation des écogardes pour renforcer son équipe de lutte anti braconnage. Sur les 47 candidats présélectionnés au sein de la population riveraine du parc, trente-neuf viennent de terminer avec succès cette formation paramilitaire intense de trois mois. La cérémonie de prestation de serment s’est tenue ce samedi 30 décembre 2023 à Nagero, au sein du quartier général du Parc national de la Garamba.
« C’est depuis le mois du septembre que le PNG avait officiellement manifesté auprès du Directeur Général de l’ICCN, le besoin de renforcer son personnel technique en effectif. Cette opération visait à recruter et former au moins 25 nouvelles recrues. Mais il se peut qu’au regard de la nécessité d’avoir un effectif opérationnel des écogardes en vue de garantir la protection des Rhinocéros, 9 recrues supplémentaires devraient être retenues pour en faire 34 au total à part les 5 additionnels. Voilà qu’aujourd’hui, le souhait est réalisé grâce à l’accompagnement très significatifs du Directeur Général de l’ICCN, Yves Milan Ngangay et son partenaire African Parks », a précisé Pascal Adrio, chef de site adjoint ad intérim.
Les nouvelles recrues ont été formées aux tactiques de combat et au maniement des armes, à la législation en matière de conservation de la nature, de protection des populations riveraines et de droits humains, aux techniques de suivi de la biodiversité et de conservation communautaire adoptées par le parc, ainsi qu’à bien d’autres connaissances utiles conciliant la préservation de la biodiversité et développement durable.
« C’est une joie pour moi d’avoir terminé cette formation avec succès ici à la Garamba. C’est une de mes vocations. Dans ma vie, j’ai toujours voulu faire de la conservation. Et voilà aujourd’hui mon vœu se réalise. Pour moi, la préservation de la biodiversité est un travail noble. Car il permet de servir les générations présentes et futures », s’est félicité Kalunga Kirima Alain, l’un des nouveaux écogardes.
Les FARDC et les équipes de lutte anti-braconnage du parc travaillent main dans la main depuis 2011 pour protéger l’écosystème diversifié et fragile de la Garamba. Le Lieutenant-Colonel Raphaël Bulisina Tchalubunga a exprimé toute sa satisfaction à la suite de ce nouveau cycle de formation.
« Nous sommes venus appuyer les écogardes. Au regard de l’immensité du Parc de Garamba, les effectifs trouvés ici étaient insuffisants. C’est ainsi qu’en appuyant ces effectifs avec le nôtre (FARDC) et celui de nouveaux écogardes qui viennent de terminer leur formation, cela nous permettra de bien articuler nos forces pour couvrir la zone, surtout le nord qui est une frontière. Notre souci est qu’ils montent davantage en puissance. Car, lorsque nous ne serons, peut-être pas là, que le PNG pourra se suffir », a-t-il déclaré.
Il sied de signaler que cette cérémonie de prestation de serment a connu la participation de plusieurs personnalités, notamment le chef coutumier du groupement Nasala, le commandant CIAT de la PNC du territoire de Faradje, le commandant sous CIAT de la PNC Sambia, le coordonnateur de la lutte anti braconnage, les officiers et sous-officiers des rangers et des FARDC, les personnels du Parc national de la Garamba, et la population locale riveraine venue assister leurs frères et amis.
Pour rappel, le Parc national de la Garamba (PNG), est situé au Nord-Est de la République démocratique du Congo. Il s’étant sur une superficie de 4 900 km2, et partage sa frontière nord avec le Soudan du Sud. Ce parc est entouré de 3 domaines de chasse (DC), à savoir le DC de Gangala na Bodio (2 652 km2) au sud, le DC d’Azande (2 892 km²) à l’ouest et le DC de Mondo Missa (1 983 km²) à l’est. Ensemble, ces quatre aires protégées forment le Complexe de la Garamba qui représente 12 427 km2.
L’instabilité sécuritaire qui a sévit dans la zone a induit un taux de braconnage très élevé par le passé et une chute drastique des populations d’espèces emblématiques tels que l’éléphant de forêt, ainsi que la disparition du rhinocéros blanc du nord. Pour ces raisons, le parc a été inscrit en 1996 sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.
Grâce au partenariat Public-Privé entre l’ICCN et African Parks initié en 2005, et au soutien de bailleurs et institutions internationales, notamment l’Union Européenne et l’USAID, le taux de braconnage a sensiblement diminué au cours des dernières années permettant une restauration progressive des populations animales dans l’ensemble du Complexe.
Aujourd’hui, cette nouvelle promotion d’écogardes participera à l’effort général consenti depuis plus de quinze ans par les équipes du parc pour reprendre le contrôle de l’entièreté du Complexe de la Garamba et stabiliser la région.
Les processus de recrutement des écogardes du parc se font désormais en collaboration avec les autorités locales riveraines des territoires et chefferies qui couvrent les trois domaines de chasse autour du Parc, à savoir les territoires de Dungu (Chefferie Wando), Faradje (Chefferies Logo Ogambi, Mondo Missa) et Watsa (Secteur Kibali).
Au-delà des aspects sécuritaires, le Parc appuie également les communautés riveraines en soutenant des opportunités de développement socio-économique dans plusieurs secteurs essentiels tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, l’eau, les routes et l’énergie à travers ses divers programmes de développement durable appuyés principalement par l’USAID, l’Union Européenne et bien d’autres partenaires.
Richard MUMBERE KALAYI