
Le Programme Alimentaire Mondiale a lancé un appel d’urgence pour solliciter un don de 33,1 millions de dollars américains. Ce fonds servira aux opérations à l’Est de la République démocratique du Congo, région agressée par les forces de défense du Rwanda en complicité avec les rebelles M23. Cette organisation a indiqué être à court de fonds dédié au service aérien humanitaire des Nations Unies pour assurer le transport des denrées alimentaires, outils pour les soins de santé et autres équipements indispensables des terrains. Cet appel à l’aide a été lancé ce mercredi 26 février à Kinshasa
« En 2024, l’UNHAS a effectué près de 7.000 vols, transportant 44.000 personnes vers 62 destinations dont les voies d’accès au sol étaient souvent endommagées ou bloquées mais sans financement supplémentaire, nous sommes dans l’incapacité d’atteindre plusieurs zones par des avions à petit portuaire où des routes sont presque impraticables sans approvisionnement en carburant. Cette année le PAM prévoit de distribuer 57 tonnes de nourriture pour soutenir 11.000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes menacés de malnutrition sévère. Nous avons besoin de financement parce que nous devons intervenir immédiatement », a plaidé la porte-parole du PAM en RDC, Shelley Thakral.
Hausse de la criminalité et de l’insécurité
Les organismes internationaux présents à l’Est se disent profondément préoccupés par la montée de la criminalité et de l’insécurité et par les violations généralisées des droits de l’homme orchestrées par les rebelles du M23. Plusieurs établissements de santé locaux ont dû suspendre leurs activités. Les attaques et la maltraitance des rebelles M23 continuent à entraîner le déplacement des millions de personnes.
« Dans le territoire de Lubero, au nord de Goma, les affrontements tout au long de la semaine ont forcé plus de 100.000 personnes dont environ la moitié sont des enfants à fuir leurs foyers. Une augmentation similaire de la criminalité et de l’insécurité a été signalée au Sud-Kivu, en particulier dans la capitale de la province, Bukavu, et à Uvira, où des viols et des pillages ont également été signalés. Sans oublier l’activité criminelle a augmenté, avec des invasions de domiciles, des incendies des maisons des populations, des enrôlements forcés des enfants, des enlèvements et des détournements de véhicules visant des agences humanitaires. Certains incidents continuent à faire des morts », s’est lamenté le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric.
Problèmes de transport
Depuis le début du mois d’octobre 2024, les violences armées dans les territoires de Masisi et Rutshuru ont provoqué le déplacement de près de 200.000 personnes additionnelles. En raison de la persistance de l’insécurité, des acteurs humanitaires font face à d’importantes contraintes pour accéder à certaines zones densément peuplées de personnes déplacées.
« En raison de l’insécurité croissante dans plusieurs localités de la province du Nord-Kivu, des milliers d’autres personnes se trouvent désormais coupées de l’assistance dont elles ont désespérément besoin. Plus de 140.000 personnes dans le besoin sont ainsi privées d’une aide humanitaire vitale. Deux véhicules d’ONG ont été incendiés par les militaires Rwandais, de même que trois camions transportant une assistance alimentaire vitale, les avions, hélicoptères et drones de nombreuses organisations ont été attaqués avant d’atteindre des régions critiques. Cette situation nous fait perdre plusieurs de nos équipements de déplacement des aliments et produits médicaux », se sont plaints Médecins sans frontières.
Pour l’ONU, il est impératif de préserver l’espace humanitaire afin que ceux qui fuient les violences puissent recevoir l’aide nécessaire. Depuis le début de l’année 2023, plus d’un million et demi de personnes se sont nouvellement déplacées dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et l’Ituri portant le total à plus de 5,3 millions de personnes déplacées. Les femmes représentent 51% de la population déplacée. Plus de 80% des déplacements sont dus aux attaques des forces de défenses Rwandaises et les rebelles M23.
Albert MUANDA