La commercialisation du sang se porte très bien dans les hôpitaux tant publics que privés de la ville province de Kinshasa. Pourtant, le don bénévole du sang est passé à 3 fois par an, selon le Comité National de Transfusion Sanguine (CNTS) et, selon le Directeur de ce Comité, le Dr Pacifique Misingi, les données des 13 dernières années prouvent que plusieurs vies ont été sauvées en République démocratique du Congo grâce au don bénévole du sang.
C’est au cours de la célébration de la journée mondiale du don de sang célébrée le 14 juin de chaque année, que le Directeur du CNTS avait déclaré que 545.186 femmes en âge de procréer et plus de 2.927.551 enfants de moins de 5 ans avaient été sauvés en RDC. Pourtant, plusieurs sources renseignent que le sang se donne moyennant 25 dollars américains non négociables.
« J’ai une enfant très souffrante, accueillie dans un hôpital de l’Etat. Son taux de sang est à 3%. Les médecins exigent une transfusion sanguine qui doit se faire à 25$. Comme j’ai le même groupe sanguin que mon enfant, je leur ai demandé de prendre mon sang mais ils ont refusé car j’ai fait un don bénévole de mon sang il y a à peine 2 semaines. Maintenant que je n’ai pas cet argent, je dois me débrouiller pour le trouver. » A confié un habitant de la commune de Mont Ngafula.
Une triste réalité que vivent les congolais au quotidien, pourtant 400.000 dons sont collectés chaque année. Au cours de la journée dédiée au don du sang, le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, le Dr Roger Kamba avait déclaré que dans le cadre de la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle (CSU), le don bénévole du sang est à encourager.
« Tous ensemble, encourageons le don bénévole du sang car, des nombreuses vies en dépendent. Mobilisons-nous, donnons notre sang et partageons la vie.J’encourage les organisateurs et les partenaires techniques qui ont apporté leur contribution à l’organisation de cette journée. » Avait-il souligné. Encourager les donneurs est une chose mais exiger la vente du sang à un prix raisonnable en est une autre. Car, s’il s’agit de récolter du sang dans le cadre de la CSU. Sur ce, le sang devrait être vendu à un prix réduit dans les hôpitaux publics.
« Ma fille avait été internée aux urgences de l’une des grandes cliniques de l’Etat ici à Kinshasa, en 2020. Après les examens on m’a dit qu’elle devrait être transfusée en urgence. Mais, comme j’avais déjà payé plus au moins 5 examens demandés et nous savons tous combien ça coûte, je n’avais plus d’argent. L’enfant n’avait pas été transfusé, jusqu’à ce que j’eusse appelé les membres de la famille pour me venir en aide. Alors, je me demande pourquoi nous devons donner de notre sang régulièrement. » S’est plainte une habitante de Kinshasa, de la commune portant le même nom.
Pourtant, au cours de la célébration de la journée du don de sang, le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention avait déclaré que la régularité du don de sang est un facteur indispensable pour assurer la fidélisation des donneurs afin de garantir des nombreuses vies des nécessiteux du sang qui se comptent par des milliers dans notre pays.
“C’est pour mettre en œuvre le programme de la CSU prôné par le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, que notre pays entreprend actuellement des efforts louables en ce qui concerne le don de sang. Beaucoup reste à faire en terme de mobilisation de la communauté au don de sang volontaire et non rémunéré. » Avait précisé le Dr Roger Kamba.
Bien que les besoins en poches de sang se situent encore autour de 750.000 par an pour répondre aux besoins du pays sur les 400.000 dons collectés à ce jour, les 35% de transfusions qui ont été réalisées proviennent des donneurs volontaires non rémunérés, pendant que le prix fixé pour la vente de sang dans les hôpitaux publics est exorbitant, surtout avec la dépréciation du dollar américain. 25$ équivalent à 65.000 FC ou plus pendant que seule la consultation coûte plus de 40.000 FC dans les hôpitaux de l’Etat.
Vu que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ait fixé l’objectif de 80% pour les transfusions sanguines d’ici 2030, Il est impérieux que le gouvernement se penche sur ce dossier car, la survie de la population en dépend. Beaucoup de vies sont perdues par manque d’argent pour se payer du sang.
Sarah MANGAZA